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POURQUOI INVESTIR DANS LES JEUNES ENFANTS? Plusieurs participants à des ateliers ont présenté des raisons justifiant les investissements dans les jeunes 2 enfantsâpas seulement pour le potentiel de retour élevé sur investissement, à la fois économique et psychologique sur toute la vie de lâenfant, des familles et de la société, mais aussi pour des raisons de droits de lâHomme. On peut regrouper ces raisons comme suit: Des preuves scientifiques suggèrent que les investissements dans les jeunes enfants influencent leur développement ultérieur; Les investissements dans les jeunes enfants peuvent être liés aux investissements dans les sociétés; Les investissements dans les jeunes enfants comme cadre basé sur les droits et comme objectifs de développement durable des Nations Unies; Les investissements dans les familles, les soins institutionnels et autres conditions de vie précaires; Les investissements dans les jeunes enfants vivant dans des contextes dangereux et instables des points de vue socio-économique ou politique équivalent à investir dans les droits de lâHomme. Des preuves scientifiques suggèrent que les investissements dans les jeunes enfants peuvent influenc- er leur développement ultérieur Des avancées majeures dans les domaines de la neuroscience, de la biologie moléculaire, de la génomique, de la psychologie, de la sociologie et dâautres secteurs ont démontré que les expériences au cours des premières années affectent le développement de lâarchitecture du cerveau en fournissant les fondements de lâapprentissage, de la santé et du bien-être (Huebner et al., 2016). Les systèmes primaires, dont lâapprentissage et la mémoire, la vitesse de traitement et la récompense, se développent au cours des 3 premières années de vie et fournissent lâossature du développement ultérieur des systèmes nerveux situés en amont, selon lâintervenant de lâatelier Michael Georgieff de la University of Minnesota (IOM et CNRC, 2014). Le cerveau est composé de nombreuses zones et de nombreux types de cellules, chacune avec sa trajectoire de développement propre. Certaines zones se développent intégralement durant la période fÅtale, tandis que dâautres continuent de se développer jusquâà lâadolescence. Il a souligné que le développement durant les premières années (de la période prénatale à lââge de 5 ans) impactait le développement des structures primaires du cerveau et quâil était difficile de rattraper un retard de développement ultérieurement. Par conséquent, il est particulièrement efficace de programmer et de coordonner les interventions sur la base des périodes sensibles du développement, en particulier dans les environnements aux ressources limitées, précise Georgieff. 6
SLOVAKIA 2 POURQUOI INVESTIR DANS LES JEUNES ENFANTS? COLOMBIA Donald Bundy de la Banque mondiale a indiqué que les acteurs du développement des enfants devaient considérer les enfants de manière plus large, car lâadolescence constitue également une période critique caractérisée par un développement physique, cognitif, émotionnel et social important (IOM et CNRC, 2014). Les investissements lors de la période de lâadolescence peuvent nourrir les bénéfices obtenus par les investissements effectués plus tôt dans le cycle de vie. En effet, il ajoute que lâéducation peut modifier lâarchitecture du cerveau et que plusieurs années dâéducation de base permettent aux individus de penser et de raisonner différemment. Georgieff concède que lâadolescence offre une chance de « rattraper » et de consolider la structure mise en place dans la petite enfance, ce qui rend les interventions de suivi critiques, en particulier pour les enfants présentant des facteurs de risque multiples. Les investissements dans les jeunes enfants peuvent être liés aux investissements dans les sociétés La recherche a montré à travers des ateliers que les premières années de vie dâun enfant étaient critiques pour stimuler le développement cognitif, social et émotionnel et pour établir la base de la santé et du bien-être tout au long de la vie (IOM et CNRC, 2014 ; NASEM, 2016b). Günther Fink de la Harvard T.H. Chan School of Public Health et Norbert Schady de la Inter-American Development Bank soulignent que des investissements effectués assez tôt dans le développement des enfants déclenchent un effet multiplicateur avec des retombées positives sur le long terme dans plusieurs secteurs (IOM et CNRC, 2014 ; NASEM, 2016b). Par exemple, un meilleur accès aux programmes de développement dans la petite enfance peut contribuer à lâégalité des chances et réduire les disparités de réussite en augmentant les compétences des enfants (capital humain) et leur capacité à réussir à lâécole et dans leur vie professionnelle. Paul Gertler de la University of California, Berkeley, aborde la productivité économique de ces enfants devenus adultes comme représentative dâun retour élevé sur les investissements effectués tôt dans la vie, et Parfait Eloundou-Enyegue de la Cornell University évoque également comment ces améliorations peuvent impacter les générations suivantes (IOM et CNRC, 2014). Comme le souligne Peter Singer de Grand Challenges Canada, nous avons la capacité de transformer des sociétés de manière positive en liant ce que lâon sait des investissements dans les enfants et leurs pourvoyeurs de soins et ce que lâon fait (IOM et CNRC, 2014). Ne pas fournir un environnement optimal pour les enfants conduit à des revenus et à un produit intérieur brut inférieurs, à des taux plus élevés de maladies et de dépression et à des taux de criminalité accrue ajoute-t-il. Singer est dâavis (IOM et CNRC, 2014) que le manque dâattention porté au développement dans la petite enfance maintient les pays dans la pauvreté. En outre, Singer note que la neurobiologie du développement du cerveau suggère quâil est plus facile et plus rentable de miser beaucoup au départ que de compenser des manques ultérieurement. Selon Gertler, les interventions axées sur les enfants avant lââge de 2 ou 3 ans peuvent être particulièrement efficaces pour éviter les pertes de potentiel, car elles permettent dâobtenir un taux élevé de retour sur investissements améliorant le développement ultérieur de lâenfant et réduisant le besoin en service de réhabilitation coûteux plus tard dans la vie (IOM et CNRC, 2014). Schady ajoute que les investissements en continu jusquâà lââge de 8 ans ou jusquâà lâentrée à lâécole primaire rentabilisent les investissements préalables pour continuer à soutenir les enfants sur un chemin de développement sain (IOM et CNRC, 2014). 7
SLOVAKIA 2 POURQUOI INVESTIR DANS LES JEUNES ENFANTS? COLOMBIA Gary Darmstadt de la Stanford University School of Medicine et Zulfiqar Bhutta du SickKids Centre for Global Child Health and Aga Khan University rapportent que 249 millions dâenfants risquent de ne pas atteindre leur potentiel de développement en raison dâun retard de développement ou dâune exposition à la pauvreté (Lu et al., 2016 ; NASEM, 2016c). Si les enfants vivant dans une extrême pauvreté et présentant un retard de croissance deviennent des adultes moins capables de participer à lâéconomie, leur qualité de vie en sera amoindrie et les pays perdront beaucoup de leur potentiel de croissance économique, indique Gertler (IOM et CNRC, 2014). Ainsi, les investissements dans les jeunes enfants et leur développement peuvent améliorer leurs futures compétences sur le marché du travail, ce qui augmente les retombées économiques à long terme, ajoute Gertler (IOM et CNRC, 2014). Les investissements dans les jeunes enfants qui vivent dans des environnements à haut risque et les enfants porteurs dâun handicap peuvent changer leur trajectoire de vie La biologie de lâadversité et de la résilience démontre que les facteurs de stress significatifs, dès la vie utérine et au cours des premières années de vie, peuvent avoir des effets durables sur lâarchitecture du cerveau et son fonctionnement (Shonkoff et al., 2012). Heureusement, de mauvais débuts peuvent être surmontés. Les enfants peuvent évoluer vers la résilience quand des facteurs protecteursâen particulier une relation stable et engagée avec un parent, un pourvoyeur de soins ou un autre adulte soutenantâcompensent dâautres risques, selon Ann Masten de la University of Minnesota (NASEM, 2016d). Elle explique que la résilience dâun enfant dépend de la résilience des systèmes qui soutiennent cet enfant et que pour construire la résilience, il faut une structure sur différents niveauxâ ainsi, si les systèmes de soutien sâeffondrent, comme câest souvent le cas lors des catastrophes ou périodes de crise, le pourvoyeur de soins principal conserve la capacité de se réorganiser et de se reconnecter à lâenfant pour continuer à le soutenir dans son développement (NASEM, 2016d). En fait, dans tous les contextes, promouvoir la santé et les développements des enfants requiert de soutenir la capacité du pourvoyeur de soins à répondre de manière adaptée aux enfants défavorisés ou en détresse, dâaprès Vibha Krishnamurthy du Ummeed Child Development Center (NASEM, 2016c). Les influences sociales sur la santé, la croissance et le développement de lâenfant traversent des contextes écologiques multiples au-delà du pourvoyeur de soins. Comme stipulé par plusieurs intervenants lors des ateliers, les besoins et les risques des enfants sont multidimensionnels et traiter un seul problème à la fois est inefficace. Selon Pia Rebello Britto de lâUNICEF (Fonds des Nations unies pour lâenfance) et Lorraine Sherr du University College London, lâévaluation des risques encourus par les jeunes enfants vivant dans la pauvreté est complexe et implique de considérer les facteurs sociaux, la politique, la démographie, la religion, la culture et les cadres juridiques (IOM et CNRC, 2015a). Il est donc important dâaborder les risques sur plusieurs niveaux et de faire la différence en promouvant la santé et le bien-être des enfants. Dans certaines circonstances, comme le souligne Margareta Matache de la Harvard University, les enfants sont exposés à une accumulation de facteurs de risque qui affecte négativement leur développement et creuse les inégalités (NASEM, 2016c). Par exemple, le défaut dâaccès aux services de base et les expulsions forcées exposent les enfants roms à de hauts niveaux de traumatismes qui affectent leur développement émotionnel, cognitif et social dans lâenfance et ultérieurement dans la vie. 8
SLOVAKIA 2 POURQUOI INVESTIR DANS LES JEUNES ENFANTS? COLOMBIA De plus, au Chili, 30 pour cent des enfants vivant dans la pauvreté sont identifiés comme présentant un retard du développement, selon Helia Molina de la Universidad de Santiago de Chile, contre moins de 15 pour cent des enfants dans les familles à revenus plus élevés (NASEM, 2015). Amina Abubakar du Kenya Medical Research Institute/Wellcome Trust Research Programme montre que les enfants vivant dans les communautés avec une forte prévalence du VIH sont également sujets à une accumulation des risques, car ils sont exposés au stress chronique, sont en retard sur lâatteinte des jalons du développement et tendent à connaître des problèmes de santé mentale (Abubakar et al., 2008 ; Devendra et al., 2013 ; Kamau et al., 2012. Quentin Wodon de la Banque mondiale note que certains des enfants les plus vulnérables sont ceux de filles mariées avant lââge de 18 ans (NASEM, 2016d). Selon Jeffrey Edmeades de lâInternational Center for Research on Women, lâune des raisons est que le mariage prématuré signifie souvent la fin de lâéducation formelle (NASEM, 2016d; Stoebenau et al., 2015 ; UNICEF, 2014 ; Warner et al., 2014) et le début de lâactivité sexuelle et des grossesses qui entraînent dâautres problèmes dâordres physique et mental (Nour, 2009 ; Plan UK, 2011 ; FNUAP, 2012). Ceci affecte directement la participation des filles à la force de travail, leur niveau dâinstruction et leur implication dans la prise de décisions, leur exposition à la violence et leur santé, déclare Wodon. Les enfants de femmes très jeunes sont, à leur tour, susceptibles de subir des problèmes de santé, de développement et de pauvreté (Duvvury et al., 2013; Parsons et al., 2015). Plusieurs intervenants ont mis des solutions en avant pour soutenir les adolescentes et leurs enfants. Wodon souligne quâil est crucial de travailler à des systèmes visant à stopper les marchés matrimoniaux locaux et les schémas de rôles liés au genre, tout en permettant aux adolescentes et à leurs familles de trouver des alternatives aux mariages prématurés (NASEM, 2016d). Des études dans plusieurs pays ont démontré quâun meilleur accès au financement et à lâéducation moyenne et secondaire des filles accroissait lâassiduité et faisait baisser le taux de mariages prématurés (Baird, 2012 ; Duflo et al., 2015 ; Hallfors et al., 2015 ; Kalamar et al., 2016 ; Malhotra et al., 2011). à New York, Angela Diaz et ses collègues du Mount Sinai Adolescent Health Center travaillent étroitement avec les parents adolescents et leurs enfants pour leur fournir des services visant à éviter dâautres grossesses et à sâassurer que les enfants bénéficient dâune trajectoire de développement positive (NASEM, 2015). Afzal Habib de Kidogo a remarqué que les programmes de soins et dâéducation infantiles de qualité, tels que Kidogo dans les quartiers informels de Nairobi au Kenya, pouvaient constituer une base dâéquité et un tremplin pour sortir de la pauvreté (NASEM, 2016d). Ces programmes offrent aux enfants un bon démarrage et lâoccasion dâatteindre leur plein potentiel de développement lorsquâils arrivent à lââge de procréer, ce qui peut casser le cercle vicieux du dénuement intergénérationnel, affirme Gillian Mellsop de lâUNICEF (NASEM, 2016d). En outre, plusieurs intervenants ont souligné quâinvestir dans les enfants porteurs de handicaps pouvait permettre leur pleine intégration à la société (NASEM, 2015). Selon Vesna Kutlesic du Eunice Kennedy Shriver National Institute of Child Health and Human Development, sans les soutiens adéquats, les enfants porteurs de handicaps sont particulièrement vulnérables et à risque de ne pas atteindre leur plein potentiel de développement (NASEM, 2016c). De plus, plusieurs participants ont fait observer que ces enfants étaient souvent négligés et surreprésentés parmi les tranches les plus pauvres de la société (NASEM, 2015). 9
SLOVAKIA 2 POURQUOI INVESTIR DANS LES JEUNES ENFANTS? COLOMBIA Un autre facteur de risque est que lâaccès à lâéducation est souvent entravé pour les enfants présentant un retard de développement ou un handicap, selon Andy Shih dâAutism Speaks (NASEM, 2016c). Comme décrit par Shih (NASEM, 2016c), bien que de nombreux pays disposent de lois et de politiques dâinclusion sur le papier, en pratique les enfants présentant un retard de développement, des troubles du comportement ou un handicap sont souvent exclus du système éducatif classique. En outre, de nombreux pays ne se sont pas engagés dans lâégalité des droits et lâéducation inclusive pour les enfants porteurs de handicaps (Raub, 2016). Dâaprès Donald Wertlieb du Partnership for Early Childhood Development and Disability Rights (NASEM, 2016c), les enfants présentant des retards du développement ou des handicaps représentent 5 à 25 pour cent de la population dâun pays et devraient être mieux inclus dans les efforts globaux visant à construire des sociétés saines et prospères. La première étape vers lâinclusion est dâinclure les enfants porteurs dâun handicap dans le système classique et non plus dans des établissement spécialisés, explique Yasmin Hussain de la Southeast Asian Ministers of Education Organization (NASEM, 2015), en prenant conscience que les écoles spécialisées pour les enfants handicapés renforcent la ségrégation et la marginalisation (Tsaputra, 2012). Les investissements dans les jeunes enfants, un cadre basé sur les droits et les objectifs de développement durable des Nations Unies Publiés en 2015, les objectifs de développement durable des Nations unies pour 2030 passent de la survie à lâépanouissement des enfants (ONU, 2015). Ces objectifs ont été intégrés à de nombreuses discussions lors des ateliers et ils coïncident bien avec les secteurs couverts par le forum. Les communautés de recherche et de pratique se concentrent désormais sur la durabilité, le développement humain global et les nombreux facteurs affectant la santé et le bien-être, selon Bhutta (NASEM, 2016c). Singer a encouragé les participants aux ateliers à sâemparer de cette dynamique et les chercheurs, les décideurs et les professionnels à promouvoir âlâépanouissement de lâenfantâ (IOM et CNRC, 2014). Les droits de lâHomme, les droits de lâenfant et les droits des personnes handicapées ont servi de plateformes puissantes pour plaider la cause de lâinvestissement dans les jeunes enfants. Jonathan Todres de la Georgia State University a fourni un aperçu de grande qualité sur la relation entre les droits dâun enfant à la santé, à lâéducation, à la nutrition et à la protection sociale (NASEM, 2016c). Ziba Vaghri de la University of British Columbia (IOM et CNRC, 2014) a montré que les conventions et les traités internationaux sur les droits de lâHomme peuvent servir à souligner les droits de lâenfant à la santé et à la sécurité comme une obligation du gouvernement à soutenir les enfants (HCDH, 2014 ; ONU, 2014). Elle a également mentionné la possibilité dâavoir un cadre de travail international pour protéger les droits des enfants par la surveillance et le suivi des progrès (IOM et CNRC, 2014). Les présentateurs dâateliers Maureen Durkin de la University of Wisconsin et Wertlieb ont tous deux noté les tendances dans les accords mondiaux à reconnaître les droits des personnes handicapées plutôt quâà les considérer comme des sujets de charité et ils ont appelé à une plus grande inclusion des enfants porteurs de handicaps dans les études sur le développement de la petite enfance et dans lâétablissement de politiques (IOM et CNRC, 2014 ; NASEM, 2016c). 10
SLOVAKIA 2 POURQUOI INVESTIR DANS LES JEUNES ENFANTS? COLOMBIA Les investissements dans les familles, les soins institutionnels et autres conditions de vie précaires Les orphelins et les enfants qui vivent en dehors de leur famille présentent la même vulnérabilité, selon Kutlesic (NASEM, 2016c). Les enfants migrants non accompagnés séparés de leurs parents sont plus susceptibles de subir de la violence sexuelle et du trafic, ont moins accès à la nourriture, à lâeau, à un abri et à une éducation ; ils sont aussi ciblés par les gangs, dâaprès Alison Parker de Human Rights Watch (NASEM, 2016c). Elle souligne que ces enfants craignent souvent pour leur vie. Souvent, les familles à faibles ressources qui ne peuvent subvenir aux besoins de leurs propres enfants et/ou qui présentent un haut niveau de dysfonctionnement peuvent être dans lâincapacité de bien sâoccuper de leurs enfants et les envoyer vivre dans dâautres familles. Dans les cas extrêmes, les enfants peuvent être exploités pour des activités illégales (travail, trafic de drogue, prostitution) et/ou se retrouver avec des pourvoyeurs de soins abusifs sexuellement et devenir des esclaves, appelés des restaveks en Haïti. Câest le cas de nombreux enfants haïtiens, en particulier les filles, dâaprès Joan Conn de la Restavek Freedom Foundation (NASEM, 2016d). Des intervenants individuels ont noté que dans certains exemples, une combinaison de pauvreté, de dysfonctionnement familial et/ou de retard de développement ou de handicap chez lâenfant â et lâabsence de services communautaires â pouvait conduire les familles à placer leurs enfants dans des institutions (NASEM, 2016b,d). Selon Kevin Browne de la Nottingham University, le placement des jeunes enfants dans les institutions peut impacter négativement leur comportement social, leur interaction avec les autres et leur capacité dâattachement émotionnel (NASEM, 2016c). Il ajoute que le placement en institution est associé à des performances cognitives médiocres et à des déficits de langage chez certains enfants. Kutlesic déclare que sâoccuper dâenfants séparés de leur famille présente un problème complexe qui exige des solutions tirées de la pratique, un continuum de soins et des placements en famille ou autre pour les enfants dont les besoins varient en termes de soins de santé, dâéducation et de prise en charge psychologique (NASEM, 2016c). Des recherches ont montré que la qualité des soins était cruciale quelle que soit la situation de vie (en famille ou en institution), avec pour objectif premier la protection des enfants face aux traumatismes et aux abus (Gray et al., 2015 ; Whetten et al., 2014). Pour Kutlesic (NASEM, 2016c), bien que le maintien des enfants dans des familles équilibrées soit la situation de vie privilégiée quand câest possible, pour les enfants qui ne peuvent bénéficier dâun placement en famille, le placement à court terme dans des établissements de petite taille bien tenus, incluant des programmes éducatifs de qualité et un personnel bien formé et réactif, peut faciliter un développement positif pour ces enfants. Néanmoins, le renforcement des familles et le développement des services communautaires quand ils ne sont pas disponibles localement sont essentiels pour aller plus loin que la simple survie des enfants et permettre leur épanouissement (Huebner et al., 2016). 11
SLOVAKIA 2 POURQUOI INVESTIR DANS LES JEUNES ENFANTS? COLOMBIA Les investissements dans les jeunes enfants vivant dans des contextes dangereux et instables des points de vue socio-économique ou politique peut équivaloir à des investissements dans les droits de lâHomme Dans de nombreuses régions du globe, le travail des enfants est un problème fréquent parmi les communautés vulnérables. Comme présenté par Parker, de nombreux enfants migrants provenant dâAmérique centrale et du Mexique et qui vivent désormais aux Ãtats-Unis rapportent avoir travaillé dans des fermes dès lââge de 7 ans (NASEM, 2016c). Cette charge les a conduit à arrêter lâécole, ils ont subi des blessures sur les équipements de la ferme, des abus physiques et les effets secondaires dâune exposition aux pesticides. Des programmes tels que CocoaAction en Côte dâIvoire et au Ghana, introduits par Bill Guyton de la World Cocoa Foundation, visent à intervenir et à garantir la durabilité en fournissant des « packs de productivité » aux cultivateurs de cacao, incluant la formation, du matériel de plantation neuf et des engrais, ainsi que des bonnes pratiques agricoles, en association avec des investissements coordonnés dans le développement de la communauté dans les secteurs de lâenseignement primaire, du travail des enfants et de lâémancipation des femmes (NASEM, 2016d). Selon Guyton, ce programme rend les familles plus fortes (NASEM, 2016d). Les conflits armés représentent une entrave majeure au bien-être des jeunes enfants, comme stipulé par Maysoun Chehab de lâUNESCO (IOM et CNRC, 2014). Le nombre de personnes déplacées de force dans le monde est à son niveau le plus élevé depuis la Deuxième guerre mondiale, déclarent Eskinder Negash du U.S. Committee for Refugees and Immigrants et Mohannad Al-Nsour de lâEastern Mediterranean Public Health Network (NASEM, 2016a,c), indiquant un nombre de personnes déplacées de 59,5 millions en 2014. Al-Nsour ajoute que plus de 50 pour cent des réfugiés syriens déplacés au Moyen-Orient sont des enfants. Selon Chehab, en raison du conflit et du déplacement, les conditions de vie des enfants sont dégradées et les pourvoyeurs de soins nâenvoient plus leurs enfants à lâécole pour des raisons de sécurité. Elle ajoute que les écoles peuvent devenir des cibles de recrutement dâenfants soldats, ce qui sâajoute à la peur de laisser sortir les enfants, même si les familles comprennent les bénéfices de lâéducation. Ainsi, non seulement les situations de crise interrompent la scolarité, mais également potentiellement les systèmes de santé et de protection. Dâaprès Al-Nsour (NASEM, 2016a), en temps de crise les systèmes de santé sont surchargés de patients, ce qui résulte en des soignants débordés et en des pénuries de médicaments et dâéquipements vitaux. Negash et Jan Peeters de la Ghent University ont tous deux souligné que les investisseurs devaient garantir la protection de ces enfants vulnérables et lâaccessibilité des services de petite enfance pour les familles déplacées, sous peine de mettre en péril le développement harmonieux du cerveau chez ces enfants en raison de lâenvironnement violent, ce qui entraînerait des effets négatifs définitifs chez eux (NASEM, 2016c). Masten stipule lâinsuffisance des recherches interventionnelles sur ce qui marche le mieux pour ces enfants dans différents types de situations de conflit, de plus en plus de travaux sont axés sur la compréhension des connexions de résilience entre lâenfant et sa famille, sa communauté et la société en tant que systèmes (NASEM, 2016a). Elle estime que ces nouveaux secteurs de recherche coïncident mieux avec les systèmes 12
SLOVAKIA 2 POURQUOI INVESTIR DANS LES JEUNES ENFANTS? COLOMBIA précités dâaide à lâenfance (NASEM, 2016a). Elle affirme que les investissements dans le développement des enfants, y compris les outils et supports dont ils ont besoin pour devenir des individus sains et épanouis, encouragent également la résilience des sociétés futures. Bien que Masten reconnaisse une quantité significative de recherches émergentes sur les enfants vivant dans les zones de conflit, elle propose trois directives pour de meilleures pratiques: 1. Définir le rôle des premiers intervenants, y compris ceux qui ne font pas partie du personnel dâurgence, tels que les éducateurs et les parents. 2. Restaurer un sens de la normalité pour les enfants et leurs familles. 3. Promouvoir un environnement propice à un développement sain, tout en reconnaissant les obstacles liés au comportement, comme la discrimination, les inégalités et lâenrôlement dans la violence. 13